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Au pied d’une colline surplombée par une forêt mystérieuse et un château endormi, un village entouré de fermes vivait paisiblement. Rosie, une vieille jument, habitait à l’écart des autres chevaux.

Autrefois, elle était la fierté de la ferme, avec sa robe éclatante et sa longue crinière blanche. Mais le temps avait fait son œuvre. Ses sabots étaient usés, ses articulations douloureuses, et son pelage avait perdu de son éclat, devenant gris. Pourtant, Rosie n’était pas seule.

Une jeune pouliche, différente de tous les autres, grandissait à ses côtés sous sa protection bienveillante.

Né avec une corne sur la tête, cette pouliche ne ressemblait à aucun animal que Rosie n’avait jamais vu dans sa longue vie. Rosie l’avait nommée Céleste. Sa robe blanche luisait sous la lumière du matin, mais ce n’était pas cela qui la rendait spéciale aux yeux des autres, c’était cette étrange corne en spirale sur sa tête.

Les autres poulains se moquaient d’elle, sans cesse. Tonnerre s’amusait en mettant un cône de glace sur la tête pour faire rire les autres.
« Regardez-la avec sa corne ! On dirait un monstre ! » s’exclamait Tonnerre, le plus grand et le plus fort du troupeau.

A chaque fois Céleste baissait la tête, sa crinière blanche cachant en partie sa corne. Elle faisait tout pour ne pas croiser le regard des autres. Elle trottinait lentement derrière eux, en espérant qu’ils finiraient par la laisser tranquille. Mais les moqueries ne cessaient jamais.

Un soir, Céleste rentra, la tête basse. Rosie sentit que Céleste était plus triste que d’habitude. Elle s’approcha d’elle, la couvrant de son museau bienveillant.

« Ne les écoute pas, ma douce Céleste, » murmura Rosie. « Ils ne comprennent pas encore ta grandeur. La différence est ce qui rend une âme unique. Et toi, tu es une âme spéciale. »

Céleste ferma les yeux, laissant les paroles apaisantes de Rosie pénétrer son cœur.

« Mais… et si je ne m’intégrais jamais ? Si je restais toujours celle dont on se moque ? »

Le lendemain, Céleste s’éloigna du troupeau, cherchant un peu de calme dans le coin le plus reculé de la prairie. Là-bas, un autre poulain restait souvent seul. Il s’appelait Finn. De petite taille et incapable de suivre les autres dans leurs courses effrénées, Finn passait le plus clair de son temps à observer le ciel et les papillons, espérant peut-être s’envoler un jour, lui aussi loin des moqueries.

Finn leva la tête quand il entendit les pas légers de Céleste. Un doux sourire se dessina sur son visage.
« Ils t’ont encore embêtée ? » demanda-t-il.
Céleste hocha la tête sans dire un mot, puis s’assit à côté de lui.

« Moi aussi, ils me rejettent, » dit Finn après un moment de silence. « Mais je crois qu’ils ne voient pas tout. Toi, par exemple. Ils se moquent de ta corne, mais… je la trouve magnifique. »

Céleste leva les yeux vers lui, surprise. Jamais personne ne lui avait dit une chose pareille.

« Tu es vraiment unique, Céleste. Un jour, je suis sûr qu’ils comprendront. »

Ce jour-là, un lien fort se tissa entre les deux âmes solitaires. Ensemble, ils rêvaient de quelque chose de plus grand, au-delà des limites de la ferme, de ce que pourrait être leur vie, loin des moqueries.

Les jours passaient, et l’amitié entre Céleste et Finn se renforçait. Ensemble, ils se retiraient souvent à l’écart, loin des regards méprisants des autres poulains. Leur endroit préféré était la lisière de la forêt enchantée, une vaste étendue d’arbres anciens et impressionnants, dont les branches tordues semblaient former des passages interdits.

Personne n’osait s’aventurer dans la forêt. Des histoires circulaient parmi les habitants de la ferme, qu’un mauvais sort se serait abattu sur le château abandonné caché au cœur de cette étrange forêt.

Un soir, alors que le vent doux caressait les champs et que le ciel était dégagé, Céleste se leva discrètement sans réveiller Rosie pour se rendre à l’enclos de Finn.

« Finn ! Je veux aller dans la forêt… cette fois plus loin que les premiers arbres » dit-elle.

Finn la regarda, et comprit que ce soir il allait vivre une aventure avec Céleste.

« C’est vrai ! » répondit-il d’une voix songeuse. « On pourrait y aller, et découvrir le secret de cette forêt endormie » murmura-t-il.

Les deux amis quittèrent l’écurie sans un bruit et galopèrent jusqu’à la forêt. Céleste tourna lentement la tête vers Finn, une lueur d’aventure brillait dans ses yeux. Les histoires que Rosie lui avait racontées sur la forêt étaient à la fois fascinantes et terrifiantes. Mais en cet instant, la peur semblait lointaine. Elle sentait une force extérieure l’appeler, comme si la forêt avait quelque chose à lui révéler.

« Allons-y ! » dit-elle, d’une voix douce mais déterminée.

Finn sourit timidement « Tu es sûre de toi ? » dit-il finalement avec hésitation.

Ensemble, ils s’avancèrent sous la couverture des arbres. L’atmosphère changea immédiatement. L’air était plus frais, plus dense, et une douce lumière bleue filtrait à travers le feuillage. À chaque pas, les feuilles craquaient doucement sous leurs sabots, mais il n’y avait aucun autre bruit. Pas un souffle de vent, pas un chant d’oiseau.

« C’est… étrange, » murmura Finn, ses oreilles s’agitant nerveusement. « On dirait que la forêt est endormie depuis longtemps. »

Céleste hocha la tête. Elle aussi ressentait cette même sensation de silence profond. Pourtant, elle se sentait étrangement en paix, comme si la forêt l’acceptait, l’accueillait. Les branches se refermaient derrière eux, mais devant eux, un sentier semblait se dégager tout seul.

« Regarde, Céleste ! Tu ne trouves pas ça étrange, ces lucioles lumineuses ? » s’exclama Finn, partagé entre l’émerveillement et une pointe de crainte.

« Oui, et on dirait qu’elles nous montrent le chemin ! » répondit Céleste, intriguée.

Ils marchèrent longtemps, jusqu’à une clairière où se dressait un temple de chevaliers en ruine, abandonné depuis des siècles. Céleste s’approcha doucement du temple.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Finn.

« Je ne sais pas… » répondit Céleste, fascinée. « Mais je crois que c’est important ! »

Céleste, sentant une force mystérieuse l’attirer, avança lentement vers le centre du temple. Un souffle de vent se leva soudainement, plus fort et plus vif, tournoyant autour d’elle comme s’il répondait à sa présence.

Le vent semblait porter avec lui une énergie ancienne et puissante. Les gravures sur le sol s’illuminèrent doucement d’une lueur dorée, projetant des éclats scintillants autour d’elle. Les ruines du temple se mirent à vibrer doucement, comme si la magie longtemps endormie en ces lieux s’éveillait à nouveau.

« Finn, regarde ! » s’exclama Céleste, émerveillée.

Les esprits du temple tournaient autour de Céleste. Une douce chaleur envahit alors tout son corps, et soudain, une explosion de lumière jaillit de sa corne, enveloppant toute la forêt. Céleste se sentit emportée dans une vague de magie, une force qu’elle ne comprenait pas encore, mais qui résonnait profondément en elle.

Quand la lumière se dissipa, tout avait changé.
La forêt, autrefois terne et silencieuse, brillait désormais de mille couleurs féériques.

« Finn, tu as vu ça ? » murmura Céleste, ses yeux grands ouverts, éblouie par ce qui se passait autour d’elle.

Ses sabots quittèrent doucement le sol tandis que la lumière la portait, flottant doucement au-dessus de la forêt enchantée. Soudain, elle sentit son dos s’étirer et, dans une explosion lumineuse, deux ailes majestueuses apparurent. Elles s’ouvrirent en grand, déployant des plumes brillantes comme la lune.

Finn resta bouche bée, il n’en croyait pas ses yeux.
« Céleste… tu… tu es… magnifique ! » dit-il en admirant Céleste s’élever dans les airs.

Céleste, encore abasourdie par sa transformation, sourit doucement. « Je crois que j’ai découvert qui je suis vraiment. »

Céleste, toujours flottant légèrement au-dessus de la forêt, regarda ses nouvelles ailes, fascinée. Elle les déploya pleinement, sentant la puissance qu’elles contenaient. Puis se lança à toute vitesse au-dessus des nuages. Quelque chose de magnifique venait de se révéler en elle.

Pendant que Finn et Céleste exploraient la forêt, au milieu des arbres anciens et des sentiers oubliés, Tonnerre, découvrit que les deux amis s’étaient aventurés dans la forêt.

Un sentiment de colère et de jalousie l’envahit. Il avait toujours rêvé d’être monté par un chevalier et ne voulait pas que Finn et Céleste rencontrent un chevalier avant lui.

Sans réfléchir, Tonnerre décida de se lancer à leur poursuite, espérant trouver le château abandonné avant eux. Il se précipita dans la forêt, ignorant les avertissements et les dangers qu’elle renfermait.

Les arbres s’épaississaient autour de lui, l’air devenait plus lourd, et la lumière se faisait rare. Pourtant, il continua d’avancer, jusqu’à atteindre une falaise noire. Au sommet, se dressait le château abandonné, imposant et sinistre, entouré d’un voile de brume.

Sans tenir compte du danger, Tonnerre s’approcha du bord de la falaise. Le sol était instable, et soudain, sous le poids de ses sabots, la terre se déroba. Tonnerre glissa dans le vide, ses pattes cherchant désespérément un appui.

Il poussa un cri déchirant qui résonna dans toute la forêt : « À l’aideeee ! »

Dans le ciel, Céleste, volait et admirait la forêt renaissante. C’est alors qu’elle entendit le cri de détresse de Tonnerre. Ses oreilles se dressèrent, et elle tourna la tête vers la source du cri. Son cœur bondit dans sa poitrine.

« Tonnerre est en danger ! »

Sans perdre une seconde, Céleste plongea à toute vitesse vers la falaise, ses ailes puissantes battant l’air. Elle aperçut Tonnerre tombant à grande vitesse dans le vide. Le vent sifflait autour d’eux, et la falaise semblait s’effondrer autour de lui.

Instinctivement, Céleste sentit la magie se réveiller en elle. Une énergie puissante émanait de sa corne, vibrante de lumière.

Concentrant toute cette force, elle inclina doucement la tête, et soudain, un magnifique arc-en-ciel jaillit de sa corne, se déployant dans l’air comme un pont lumineux. Les couleurs chatoyantes s’étendirent sous les pattes de Tonnerre, formant un chemin magique et étincelant, le conduisant doucement en sécurité vers le sol.

Lorsqu’il fut enfin à terre, Tonnerre resta figé, ébahi par ce qu’il venait de vivre.
Céleste atterrit doucement près de lui, ses ailes repliées contre son dos, son regard empli de bienveillance.

Tonnerre, toujours sous le choc, leva les yeux vers elle.

« Je… je suis tellement désolé, Céleste. » Sa voix tremblait encore. « Je me suis toujours moqué de toi… je n’ai jamais compris à quel point tu étais spéciale. » Les regrets l’envahissaient.

« Merci de m’avoir sauvé. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. »

Céleste sourit doucement. « Je ne t’en veux pas, Tonnerre. Ce n’est pas parce que nous sommes différents que nous ne pouvons pas être amis. »

Finn rejoignit Céleste et Tonnerre avec un mélange de soulagement et de réconfort. Ensemble, ils décidèrent de rentrer au village.

Quand ils arrivèrent au village, les parents des poulains les attendaient, le visage marqué par l’inquiétude. Rosie se tenait là aussi, scrutant l’horizon, son cœur battant d’angoisse.

Lorsqu’elle aperçut Céleste, elle se figea, les yeux écarquillés de surprise. La licorne marchait en direction de Rosie avec des ailes majestueuses.

Rosie comprit immédiatement ce que cela signifiait. « La légende disait vrai… Céleste est le miracle que nous attendions. »

Le Royaume s’embrasait d’une lumière douce et enchantée. La forêt, autrefois sombre et endormie, scintillait maintenant de lumières féériques, et le château, longtemps abandonné, brillait d’un éclat nouveau.
Céleste flottait doucement au-dessus de ce monde nouveau. Le destin de la vallée avait changé à jamais…

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