arrow_back
le-reve-de-tama-cover2048
expand_circle_down
le-reve-de-tama-default-1 le-reve-de-tama-default-2 le-reve-de-tama-default-3 le-reve-de-tama-default-4 le-reve-de-tama-default-5 le-reve-de-tama-default-6 le-reve-de-tama-default-7 le-reve-de-tama-default-8 le-reve-de-tama-default-9 le-reve-de-tama-default-10 le-reve-de-tama-default-11 le-reve-de-tama-default-12 le-reve-de-tama-default-13 le-reve-de-tama-default-14 le-reve-de-tama-default-15 le-reve-de-tama-default-16 le-reve-de-tama-default-17

Dans un petit village maori baigné par le soleil et entouré d’océans bleus, vivait un petit garçon nommé Tama. À sept ans, Tama était curieux, inventif, et surtout, il avait un rêve : voir de la neige. Pas n’importe quand, mais pour Noël.

Tout avait commencé à l’école, quand son professeur avait montré un livre rempli d’images de montagnes blanches et de paysages recouverts de flocons scintillants. La neige semblait magique, douce comme des nuages, et elle faisait partie de tant d’histoires de Noël. Mais dans son village, où Noël signifiait chaleur, guirlandes de fleurs et baignades, la neige n’avait jamais fait son apparition.

Le soleil se couchait doucement sur la plage, et Tama, tout excité, se lança dans la création de son sapin de Noël. Avec des morceaux de bois ramassés, il forma un petit arbre qu’il décora de feuilles et de brindilles. Puis, il accrocha des coquillages aux branches, les utilisant comme boules de Noël, comme il l’avait vu dans ses livres.

« Tama, il est temps de rentrer ! » appela sa grand-mère.

Avant de rentrer, il contempla son sapin, fier de sa création, unique et spécial, même s’il n’était pas comme ceux des autres pays.

« Si le Père Noël ne voit pas de neige ici, est-ce qu’il viendra quand même ? » demanda Tama à sa grand-mère un soir.

Anaïca rit doucement. « Tama, le Père Noël trouve toujours les enfants qui croient en lui. Mais si tu veux vraiment de la neige, pourquoi ne pas essayer de la créer toi-même ? »

Tama, déterminé, se mit au travail.

Le lendemain, Tama décida de fabriquer sa propre neige. Il prit du sable blanc de la plage et le mélangea avec de la farine. Mais au lieu de flocons légers, il obtint une pâte collante qui attira plus de fourmis que de magie.

Déçu, il réfléchit à une autre idée. « Peut-être que si le village ressemblait à un pays enneigé, le Père Noël se rendrait compte qu’on veut de la neige ! »

Tama rassembla ses amis et proposa son plan : fabriquer des flocons en papier. Tous se mirent au travail. Ils plièrent, découpèrent, et accrochèrent leurs créations aux arbres et aux maisons. Très vite, tout le village semblait briller de ces décorations.

Mais quand le soleil se coucha et que le ciel devint un tapis étoilé, un vent inattendu se leva. D’abord doux, il caressa les branches décorées. Puis, il se fit plus fort, emportant avec lui les flocons suspendus.

Tama, qui admirait fièrement le travail accompli, se figea en voyant les décorations s’élever dans le ciel.
« Non ! » s’écria-t-il. « Nos flocons ! »

Il se lança à leur poursuite, les bras tendus, tentant désespérément de rattraper les morceaux de papier qui tourbillonnaient dans l’air. Tous leurs efforts s’envolèrent sous le regard attristé de Tama.

Le vent s’était calmé, mais il avait emporté avec lui l’espoir de faire venir la magie de Noël sur son île.
Tama leva les yeux vers le ciel. Les étoiles scintillaient, froides et lointaines, comme des flocons figés dans l’immensité. Il serra ses genoux contre lui, le menton posé sur ses bras, et soupira.
« Pourquoi c’est si difficile ? » murmura-t-il.

Il repensa aux images de neige dans le livre qu’il avait feuilleté. Ce blanc immaculé, ces paysages magiques… Comment pouvait-il recréer cela dans son petit village où tout était si chaud, si vert, si différent ?

« Peut-être que j’ai tort… Peut-être que le Père Noël ne viendra jamais ici. »

Le lendemain, dès l’aube, Tama se réveilla avec une idée audacieuse en tête. Il ne prit même pas le temps de déjeuner et courut hors de la maison, déterminé.

Direction la montagne qui surplombait le village. Là-bas, il savait qu’un grand nombre d’oiseaux nichaient, se rassemblant sur les branches des grands arbres. Tama avait souvent observé ces oiseaux en silence, admirant leurs couleurs et leurs mouvements gracieux. Mais aujourd’hui, il n’était pas question de les regarder calmement.

Il courait dans tous les sens en lançant des cris de toute ses forces, tapant des mains, faisant vibrer l’air autour de lui. Les oiseaux, surpris, s’envolèrent dans un immense tourbillon de plumes et de battements d’ailes.

Les plumes, légères comme des flocons, commencèrent à flotter dans les airs, emportées par une douce brise. Certaines virevoltaient en hauteur, d’autres descendaient doucement vers le sol. Tama continua de courir, encourageant les oiseaux à s’envoler davantage.

En rentrant, il vit son plan se réaliser : les plumes blanches s’éparpillaient au-dessus du village, tombant doucement comme une pluie de neige magique. Les enfants, les parents, même les plus âgés, levèrent les yeux avec émerveillement.

« De la neige ! » cria l’un des enfants.
« Ce sont des plumes ! » corrigea un autre.
Mais cela n’avait pas d’importance. À cet instant, pour eux, c’était de la neige.

« Cette fois, » pensa Tama, un grand sourire sur le visage, « mon village ressemble vraiment à ce que j’ai vu dans les livres. »

Lorsque le soleil se coucha, le village était encore plongé dans l’euphorie de cette journée magique.

Mais alors que les premières étoiles apparaissaient dans le ciel, un vent frais se leva. Tama, d’abord intrigué, sentit une inquiétude familière monter en lui. Le vent devenait plus fort, agitant les palmiers et les torches qui éclairaient les sentiers.

Puis il vit les plumes. Elles s’envolaient, une par une, arrachées doucement du sol et des branches. Tama bondit sur ses pieds.
« Pas encore… » murmura-t-il, le cœur battant.

Il courut dans le village, essayant de retenir les plumes. Mais elles semblaient insaisissables, glissant entre ses doigts comme si elles étaient vivantes. Les villageois, alertés par le vent, sortirent de leurs maisons et levèrent les yeux.

C’était un spectacle à couper le souffle : des milliers de plumes s’élevaient dans le ciel, tourbillonnant dans une danse lumineuse. Sous la lumière de la lune, elles brillaient comme des étoiles filantes.

Tama s’arrêta au milieu du village, les bras tendus vers le ciel, impuissant. Il sentit une larme couler sur sa joue. Tout ce qu’il avait fait, tout ce qu’il avait imaginé, semblait à nouveau s’échapper.

Tama, à bout de souffle et le cœur lourd, se dirigea lentement vers la plage. Il laissa derrière lui le village endormi, encore marqué par l’étrange beauté des plumes emportées par le vent.

Les pieds dans le sable, il s’assit près des vagues, les bras enroulés autour de ses genoux.

Une larme roula sur sa joue. Puis une autre.
« Peut-être que c’est impossible… » murmura-t-il, fixant le ciel.

Il repensa à tout ce qu’il avait essayé : les flocons en papier, les plumes, les efforts sans relâche pour créer quelque chose qui attirerait la magie de Noël jusqu’à son île. Mais à chaque fois, le vent, le destin, ou peut-être même les dieux semblaient s’opposer à lui.

« Jamais le Père Noël ne viendra ici, » dit-il à voix haute, sa voix tremblant de tristesse. « Qui voudrait venir sur une île où il n’y a pas de neige ? Mon village ne connaîtra jamais la magie de Noël. »

Les larmes de Tama se mêlaient aux embruns portés par le vent. Le bruit des vagues l’entourait, comme une douce berceuse. Il leva les yeux vers le ciel étoilé, se demandant si quelqu’un, quelque part, entendait son chagrin.

« Je voulais juste… que mon village soit spécial, » chuchota-t-il. « Que nous aussi, on puisse croire en Noël. »

Il resta là, immobile, laissant ses larmes couler, libérant toute la peine qu’il avait gardée en lui. La plage, habituellement si vivante, semblait étrangement silencieuse, comme si la nature elle-même écoutait son désespoir.

Alors qu’il marchait sur le chemin sombre menant à sa maison, Tama sentit un léger frisson parcourir sa peau. Intrigué, il s’arrêta et leva les yeux.

Un éclat blanc traversa l’obscurité. Puis un autre. Et un autre.

Tama écarquilla les yeux, bouche bée. Des flocons de neige, légers et silencieux, dansaient dans l’air autour de lui. Il tendit la main, et l’un d’eux se posa doucement sur sa paume avant de fondre.

« De… la neige ? » murmura-t-il, comme s’il n’osait pas y croire.

Il tourna sur lui-même, les bras levés, observant la neige tomber doucement sur le village endormi. Les toits des maisons, les branches des arbres, et même le sable de la plage commençaient à se couvrir d’une fine couche blanche.

Tama sentit une chaleur remplir son cœur, malgré le froid. Il savait. Le Père Noël avait vu. Il avait compris tout ce que Tama avait fait, tous les efforts qu’il avait déployés pour apporter la magie de Noël à son île.

Mais en regardant autour de lui, Tama réalisa que tout le monde dormait. Pas un bruit ne venait troubler la tranquillité de la nuit. Il était le seul témoin de ce miracle.

Un instant, il pensa courir à travers le village pour réveiller ses amis et les habitants. Mais il s’arrêta. La fatigue le rattrapait, et une pensée plus sombre s’immisça dans son esprit.

« À quoi bon… » se dit-il. « Le vent emportera sûrement tout avant que le soleil ne se lève. »

Le cœur alourdi par cette idée, il marcha lentement jusqu’à chez lui. Sur la terrasse, il s’arrêta un instant pour regarder la neige tomber. Elle continuait de recouvrir le village d’un manteau blanc, doux et silencieux. Tama ferma les yeux et inspira profondément, comme pour graver ce moment dans sa mémoire.

Puis il entra chez lui, tira sa couverture sur lui et se blottit sur son lit.
« J’aurais tellement voulu que les autres puissent voir ça » pensa-t-il en s’endormant.

Mais à l’extérieur, la neige continuait de tomber, comme si elle portait une promesse silencieuse.

Quand les premiers rayons du soleil caressèrent son visage, Tama ouvrit les yeux. Une étrange clarté baignait la pièce, plus vive que d’habitude. Il bondit de son lit, le cœur battant, et courut jusqu’à la porte.

Ce qu’il vit lui coupa le souffle.

L’île entière était blanche. La neige continuait de tomber doucement, recouvrant les toits, les arbres et même les plages. Le village brillait sous le soleil matinal, transformé en un paysage féérique digne des contes de Noël.

Tama resta un instant immobile, ébloui par la vue. Était-ce un rêve ? Non, c’était bien réel.

Il descendit en courant et entendit des rires éclatants. Les enfants de son village couraient dans la neige, les bras chargés de cadeaux. Des poupées, des jouets en bois, des livres… Des présents que le Père Noël avait déposés dans la nuit.

Ses copains l’aperçurent et accoururent vers lui.
« Tama ! Tu as vu ? Le Père Noël est venu ! Regarde ce que j’ai eu ! » cria un garçon en brandissant un cerf-volant multicolore.

« Il y a de la neige partout ! C’est comme dans les livres ! » ajouta une petite fille, les joues rosies par le froid.

Tama les regarda, le cœur gonflé de bonheur. Son regard se porta ensuite sur les adultes. Même eux semblaient avoir retrouvé leur âme d’enfant. Les parents jouaient à lancer des boules de neige, riaient, et certains dansaient au centre du village, où la musique avait déjà commencé.

C’était comme si l’île elle-même s’était réveillée avec une énergie nouvelle, magique.

Tama leva les yeux vers le ciel, les flocons tourbillonnant doucement autour de lui. Était-ce un miracle ? Était-ce vraiment grâce à ses efforts ? Il n’en était pas sûr. Mais au fond, cela n’avait pas d’importance.

La nuit tombée, Tama décida de se balader au bord de l’eau, là où il avait fait le voeu que son village connaisse la magie de Noël.

il sentit soudain une brise légère caresser son visage. Ce n’était pas le vent habituel qui traversait l’île, mais quelque chose de plus doux, presque chaleureux malgré le froid.

La brise sembla danser autour de lui, soulevant quelques grains de sable et quelques flocons encore accrochés à la plage. Intrigué, Tama tendit ses mains, comme pour sentir cette étrange caresse.

Et c’est alors qu’il vit une enveloppe descendre doucement du ciel. Elle tourbillonnait dans l’air, portée par la brise, comme si elle cherchait un chemin précis. Finalement, elle se posa délicatement dans les mains ouvertes de Tama.

Elle était décorée de dessins de flocons et de rennes, et son nom était inscrit dessus avec une belle écriture dorée. Les mains tremblantes d’excitation, il l’ouvrit doucement et déplia la lettre.

Elle disait :

« Cher Tama,

Le vent est un grand voyageur. Cette nuit, il m’a apporté quelque chose de très spécial : des millions de flocons de papier et de plumes blanches, tous venus de ton île. Ces flocons et ces plumes racontaient une histoire, la tienne. Une histoire d’espoir, de courage et de générosité.

Grâce à toi, j’ai compris à quel point ton île mérite de connaître la magie de Noël. Tu as travaillé si dur pour apporter de la joie à ton village, même quand tout semblait perdu. C’est pourquoi j’ai voulu te remercier. Cette neige, ces cadeaux, cette magie : c’est le reflet de ton cœur pur et de ton imagination débordante.

Continue de croire en la magie, Tama, car c’est grâce à des enfants comme toi que Noël existe.

Avec toute mon affection,

Le Père Noël »

Tama relut la lettre plusieurs fois, un grand sourire éclairant son visage. Ses efforts n’avaient pas été vains. Tout ce qu’il avait imaginé, tout ce qu’il avait fait, avait été vu et compris.

Il serra la lettre contre son cœur, le regard levé vers le ciel, où les flocons continuaient de tomber doucement.

« Merci, Père Noël » murmura-t-il.

Ce Noël serait pour toujours gravé dans sa mémoire, non seulement pour la neige et les cadeaux, mais pour la preuve qu’un rêve, même audacieux, peut devenir réalité quand on y met tout son cœur.

Et sur cette île lointaine, pour la première fois, Noël devint une fête d’espoir et de magie, grâce à un petit garçon nommé Tama.

Ecrire un avis
< Retour à l'histoire